Blog géopolitique d anticipation
17 Avril 2018
Le général Haftar serait décédé d’un AVC dans la nuit à l'hôpital Percy du 13/04/18 au 14/04/18 ou il serait dans un état ne laissant aucun espoir.
Le maître d’une grande partie de la Libye laisse un vide qu’il va falloir combler.
Le général Haftar était un général de l’armée de Kadhafi pour qui il dirigea le corps expéditionnaire libyen dans la guerre avec le Tchad, battu lors de la bataille d’Ouadi Doum le 13 avril 1987, il est fait prisonnier. Il trahit alors Kadhafi suite à une rencontre avec Hissène Habré, montra une milice soutenu par les USA : la Force Haftar.
Il devra fuir le Tchad suite à la prise de pouvoir d’Idriss Deby et sera ramené dans les cartons de la CIA, il s’installera dans une ville à côté de Langley…
Il revient dans le jeu libyen à l’occasion de la révolution de 2011 mais ne parvenant pas à s’imposer retourne à Langley jusqu’en 2013. En 2014 il retourne en Libye soutenu par le parlement de Tobrouk et entame la reconquête de la Libye.
Il se préparait depuis un an à devenir président de la Libye et avait écarté de son entourage les gens posant problème comme le commandant Mahmoud al-Werfalli qui se rend de « lui-même » suite à des accusations de crime de guerre. Il y a aussi eu le bombardement de populations civiles à Derna.
Le général Haftar a réussi à allier Toubou, la milice de Zenten, et a réussi à épuré l’Est de la Libye.
Opportuniste, en 2016, il profite que les milices Misrata aient repris Syrte à l’état islamique pour reconquérir les terminaux pétrolier de Ras Lanouf. Contrôlant la majeure partie des terminaux pétroliers, il devient incontournable et profite de divergences fortes entre les soutiens du gouvernement d‘unité nationnale de Serraj pour réduire la zone d’influence du gouvernement de l’ouest de la Libye.
Début 2017, il commence une nouvelle alliance la Russie lors d’un voyage à Moscou, qui le raccompagne jusqu’à Tobrouk sur son porte-avion l’Amiral-Kouznetsov ( voir lien 1)
Le 5 mars 2018, il confirme aux Russes vouloir qu’ils implantent une base navale à Tobrouk (voir lien 2) et décède le 14 avril 2018. L’avenir de cette base qui aurait donné aux russes le contrôle de l’est du méditerrané est fortement compromise par ce décès (lien 3).
Parallèlement, Le 19 mars 2018, Seif El Islam Kadhafi, fils de Mouammar Kadhafi qui a été protégé depuis 2011 par la milice de Zenten (officiellement, il était prisonnier), se déclare candidat à l’élection présidentielle (voir lien 4), le 31 mars, il se déclare menacé physiquement par le général Haftar (voir lien 5). Nul doute que Seif El Islam sera rassuré par le décès d’Haftar quelques jours plus tard…
Seif El Islam constitue probablement la meilleure chance de stabiliser la Libye.
En effet, comme son père, il est un fin connaisseur des subtilités ethniques et tribales de la Libye. Barasa (tribu royale de l’est de la Libye) par sa mère et de la tribu des Kadhafa par son père (tribu situé entre Syrte et Sebah), allié aux berbères de Zenten qui l’ont protégé durant 7 ans, les Kadhafa sont les également les cousins des Warfallas (plus grande tribu de Libye). Sa famille est l’alliée de Touaregs et des Toubous.
Il a déjà établi des contacts avec certaines milices de Tripoli, notamment avec Abdelhakim Belhadj (voir lien 6), ce qui n’est pas étonnant même si cela semble contre nature compte tenu des liens entre Seif El Islam et la milice de Zenten / la milice de Zenten et Abdelhakim Belhadj (voir lien 7). Tous ces liens sont probablement chapotés en sous-main par la France.
Après le Décès du général Haftar, Seif El Islam apparait donc comme la seule personnalité libyenne d’envergure disposant des réseaux tribaux et internationaux pour pouvoir stabiliser la Libye.
Il est donc le seul homme, imparfait certes, qui puisse apporter une solution politique en Libye.
Il reste néanmoins un énorme point de blocage : les Milices de Misrata.
C’est la deuxième milice la plus importante après l’ANL d’Haftar et il ne peut espérer stabiliser le pays par une action frontale contre Misrata, par ailleurs, il faut rappeler que ce sont ces milices qui ont tué son père et son frère à Syrte… Le conseil de la Choura de Misrata ne peut donc accepter facilement que Seif El Islam n’arrive au pouvoir car ils ne peuvent que craindre légitimement que ce dernier, une fois au pouvoir et disposant de moyens étatiques et d’une armée.
Misrata est un ancien comptoir turc, ses habitants sont des descendants de turcs et d’arabe, ils sont donc une entité à part en Libye puisque n’étant pas rattaché à une tribu, idéologiquement ce sont des islamistes proches des frères musulmans (des modérés en Libye… sic).
Seif El Islam va donc devoir négocier et donner des garanties très solides à Misrata s’il veut accéder au pouvoir.
Il a néanmoins de solides arguments
Si Misrata conservait son autonomie, une force militaire propre et quelques avantages commerciaux, il est probable qu’un accord serait possible et permettrait de débloquer la situation du pays.
Le décès d’Haftar est une opportunité pour la France :
Nous pourrions donc au « hasard » de la vie et du destin, garder une place importante en Libye. Il est probable qu’il faudra un bouc émissaire pour que Seif El Islam mange son chapeau, les déboires de M. Sarkozy sont peut-être dès lors à recontextualiser, sans préjugé de la véracité des faits reprochés.
Il reste à voir si la Russie voudra pousser l’avantage dans une zone qui n’est pas sa zone d’influence.
Maurice Duclos
Lien 2 : https://www.algeriepatriotique.com/2018/03/05/moscou-categorique-haftar-veut-base-russe-a-tobrouk/
Lien 3 : https://fr.sputniknews.com/international/201804131035937438-libye-france-haftar/
Lien 7 : http://cadresdorient.over-blog.com/2018/04/une-autre-histoire-de-la-revolution-libyenne.html
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